Paris - France // il y a 10 ans
Ca y est 1 an après cette soirée où le pari a été lancé, 5 mois après lé debut de mon plan "officiel", le jour J est enfin arrivé. Je l'attendais impatiemment malgré l'inquiétude grandissante à l'approche de l'échéance. La nuit a été bonne, couché vers 23h30 et le réveil qui sonne à 7h00, je tournais quand même depuis 1h dans le lit... Le stress est là mais j'ai le temps de me préparer tranquillement donc ça va. 7h45 : on est prêt, au va au petit déjeuner, ce sera fruits et café pour moi. Je croise déjà des marathoniens dans l'hôtel et les discussions vont bon train. Ambiance géniale avant le grand match ;-) 8h30 : Maxime et Aurélien sont arrivés, je mange mon gatosport, un gâteau cuit vendredi et qui est à prendre 1h30 avant la course. Il est très énergétique et ne donne pas la sensation de lourdeur. Il est plutôt bon. La télé est allumée sur France 3, les Champs sont pleins. Je décide de mettre mon petit short et de partir sans ma veste car le soleil est au rendez-vous. 9h10 : On se met en route, pour les Champs Elysées, les pros sont déjà partis. Je commence à boire ma boisson d'attente Overstim's.
9h15 : On y est ! En effet il y a du monde, beaucoup de coureurs mais également beaucoup de spectateurs. C'est impressionant. On tente de trouver l'entrée du SAS "4h30 et +", ça va c'est bien indiqué, on fait le dernier pipi de la peur et on attend son ouverture.
9h35 : Le SAS ouvre, on se faufile. La musique est à fond, la speakrine met l'ambiance, je me détends doucement. Joyce c'est positionnée en hauteur, elle nous voit correctement.
10h00 : Le départ est imminent, j'enlève mon poncho d'attente, je jète ma bouteille, fais un petit tour à la dernière pissotière et un fais un dernier coucou à Joyce. Elle m'encourage comme depuis le début de ce défi fou. Elle a confiance en moi, je dois réussir !
10h05 : Le départ est lancé, j'active ma montre, le moment est beau, la descente vers la Concorde débute. Je pense à plein de choses et surtout que chaque pas effectué, n'est plus à faire. Je répète à Maxime et Zoreil de profiter du paysage, de ne pas partir trop vite. Quand je me retourne, je me rends compte que l'on part dans les derniers, car on voit la voiture ballet...
Km 2 : Mon genou tient, on part sur un rythme de 7'20/km, lent pour mes deux collègues, lent pour moi avant ma blessure mais idéal voire un poil rapide pour mon état actuel. On se fait encourager, on tape dans les mains des spectateurs, on est des vrais stars ;-)
Km 5 : 1er ravitaillement, toujours pas de douleurs importantes au genou. Les premières tables sont vides, mais un peu plus loin, il y a tout, de l'eau, des oranges et des fruits secs. Je ne m'arrète pas, je continue à courir, je prends deux bouteilles d'eau, car le soleil tape fort. Je me rends compte, que l'on commence à doubler pas mal de coureurs et sans trop forcer. Beaucoup ont optés pour la méthode Cyrano (course et marche). Le faux plat descendant du départ laisse place à un faux plat montant, on le sent tout de suite, on adapte l'allure.
Km 10 : On rentre dans le bois de Vincennes, on passe devant le rocher des singes, je suis avec Max et Zoreil, on est cool, on rigole même avec les concurrents. Par surêté, je replace ma genouillère, et là une grosse douleur se fait sentir. Tant pis, je peux pas courir moins vite. La douleur passe doucement, je ne toucherais plus à ma genouillère.
Km 15 : je décide de laisser partir les deux zigotos, car la fatigue commence à se faire sentir, le manque d'entraînement à cause de ma blessure et le soleil font déjà leurs premiers effets. Le ravitaillement met du temps à arriver, bizarre. Je commence ma méthode Cyrano 2 ou 3' de courses et 1' de marche. C'était mon plan en cas de problème au genou, mais j'ai déjà fait 15 kms, c'est donc plutôt positif. Je rattrape même Zoreil et Max.
Km 20 : Bientôt la moitié de la course et je sais que Joyce m'attends pas loin, c'est motivant. Le km 20 est arrivé assez vite je trouve, je suis plutôt bien. Je vois Joyce, ouf je suis rassuré, elle a réussi à se débrouiller dans Paris malgré tout ce monde. Elle me ravitaille en gels et en nounours ;-) Elle marche avec moi pendant 5 minutes, je suis super bien.
Semi-marathon : "Ayé, il reste moins de distance que ce que j'ai déjà fait !" Je continue la méthode Cyrano, je croise des personnes avec leur maillot Finisher et leur médaille. Ils nous encouragent, ça refixe mon but.
Km 22 : Une crampe arrive !!!!!!!! "Je n'en ai jamais eu à l'entraîenement même durant mes 23 kms. Comment je vais faire ?" Je bois bien et décide de réduire la course à 1', ça commence à être dur.
Km 25 : Je gère les crampes, par contre mon genou est en carafe, je commence à boiter depuis plusieurs kilomètres mais la douleur est supportable. Ce sont mes mollets, mes cuisses et mes cloques aux pieds qui m'inquiétent le plus.
Km 27 : Les tunnels m'ont tués les pattes, je vois de plus en plus de personnes marcher, la Tour Eiffel pointe le bout de son nez enfin.
Km 29 : Je passe devant la grande dame et Joyce va bientôt être là, ça va me faire du bien.
Km 30-31 : Pas de Joyce, merde qu'est ce qui se passe ? Je rallume mon téléphone et lui envoi un SMS, au rythme où je vais, c'est plutôt facile lol Elle réponds qu'elle a loupé le métro et qu'elle m'attend à l'arrivée. Bon j'ai pas le choix, je dois finir ;-) On passe également le mur du 30ème kms, enfin c'est à partir de maintenant que le mur peut arriver quoi.
Km 33 : Je ne peux plus courir sans avoir de crampes, je vais marcher pendant plusieurs kilomètres tant pis. Une femme se rend compte de ma souffrance, elle me rassure et me dit de marcher pendant quelques kilomètres et ça repartira. C'est peut être ça le mur ?
Km 35 : Je passe devant les stands de massages, si je m'arrète je ne repars plus, je décide de continuer
Km 40 : Une autre douleur apparait à ma cheville droite... Allez il ne reste que 2 kms 195. Les lignes droites du Bois de Boulogne sont interminables.
Km 41 : Le stand ASICS doit me pendre en photo et les ajouter sur mon Facebook directement. Les gens qui me suivent vont savoir que j'arrive bientôt au bout. Les photos sont pas top du tout mais c'est pas grave.
Km 41,9 : Je continue ma route jusqu'à cette ligne d'arrivée et là... je rattrape sur Zoreil ! "Mais qu'est ce que tu fous là ?!" Il me répond qu'il a pas encore terminé, qu'il souffre et que gràace à un anglais rencontré sur le parcours, il a pu entre être là. On va finir ensemble, c'est cool.
Km 42 : Zoreil se met à courir, impossible pour moi pendant quelques mètres, mais je me force, l'ambiance est au top, photographes, spectateurs et pom-pom girls, je franchis cette putain de ligne d'arrivée en courant ! Je ne sens plus rien, mon genou est complétement mort, mes pieds sont remplis de clocs mais qu'est ce que je suis heureux de réussir. On se prend dans les bras avec Zoreil et on va récupérer notre tee-shirt et notre médaille de Finisher. Temps officiel : 6h00'25. Joyce nous retrouve, Max est pas loin, elle a les yeux qui pétillent. Je ressens sa fierté ;-)
On débrief tous ensemble, enfilons nos tee shirts et marchons, enfin rampons, fiérement jusque l'Arc de Triomphe où on tape la pose entourés de milliers de Finishers. Un moment de joie intense, il est impossible de comprendre quand on n'a pas galéré pendant plus de 42 kms.
On rejoins l'hôtel, où on commencera la réhydratation et les étirements, le corps a pris un gros coup mais quel kiff.
Mon Everest a été franchi, malgré les pessimistes, les blessures, le froid durant les entraînements, la dureté du planning, j'ai réussi et j'ai tout donné, personne ne pourra me l'enlever !
Merci à toutes les personnes qui m'ont entourés, surtout à ma femme qui a enduré mes conversations et mes doutes sur cette fameuse journée.
Merci à mes coaches, mon médecin et mes kinés pour leurs conseils.
Rendez-vous l'année prochaine, sans être blessé et en étant entraîné correctement, je pense pouvoir améliorer mon temps.
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